Le modélisme : réalisme à tout prix ou art du compromis ?

Un nouvel article qui tente de réfléchir aux questions que peut se poser un modéliste quand il souhaite reproduire la réalité. En fait, il ne va pas tant s’agir de réflexion que d’illustrations concrètes. Au fil de nos projets, nous sommes confrontés à de nombreux dilemmes quant à savoir jusqu’où tendre à l’exactitude, dilemmes pouvant nous conduire aussi à faire le choix de conserver une forme simplifiée de la réalité. Il n’y a dans cet article aucune règle définitive, aucun conseil à suivre absolument. Juste des témoignages réels issus de projets divers.

C’est souvent une des premières opérations auxquelles il est possible de s’atteler : les mains montoires surdimensionnées sur certains modèles. Cela saute aux yeux et la plupart du temps, les remplacer par un peu de fil métallique apporte un bénéfice indéniable pour une modification souvent très accessible.

Ces productions chinoises sont affublées d’accessoires (mains montoires et essuie-glaces) qui gâchent l’aspect de ces modèles.

Ci-contre, un peu de Clearfix a été appliqué pour simuler des vitrages.

Ces autorails issus de collection presse ont été présentés en détail dans cet autre article.

Il est facile à peu de frais de procéder à l’amélioration de ces modèles.

Sur cet autre modèle – un ADX2 – en revanche, le choix a été de conserver les mains montoires d’origine. Elles sont pourtant elles aussi moulées dans la masse mais elles sont plutôt fines. D’autres modélistes ont fait le choix de les remplacer mais ici elles ont été laissées en place. 

Un deuxième exemple avec les toitures

Sont suggérées un ensemble d’opérations diverses et variées. Fournies à titre d’exemples pour illustrer des choix faits au cours de nos pratiques. Vous pouvez en faire d’autres : le modélisme est avant tout une affaire de compromis.

C’est toujours mieux de procéder aux perçages des trompes d’avertissement. Opération très facile à réaliser. Si vous voulez pousser encore plus loin le réalisme, nos artisans fournissent les pièces adaptées.

Avec des aérateurs plus conformes, cette toiture présente un réalisme plus convenable. Mais là aussi, il y a un compromis : si l’on s’attarde sur les plans de ces autorails, les joints de toiture ne sont pas placés aux bons endroits. Ils ont pourtant été laissés en place. Un autre modéliste sera tout aussi fondé à s’attaquer à ces joints de toiture. C’est une réflexion à mener pour chaque projet et qui relève de choix et de compromis personnels.

Pour continuer avec l’ADX2 aux mains montoires conservées, nous avons en revanche procédé sur ce modèle à la réalisation d’un toit plus conforme à la réalité. Il s’agit d’un opération délicate, même un peu risquée, mais la toiture est un élément très visible sur un modèle. Cette réalisation fera l’objet d’un prochain article dans quelques mois.

Voilà une opération nécessaire mais plus avasive : l’ablation de ces bossages totalement fantaisistes.

Une patine légère à la terre à décor a été appliquée sur la toiture et sur les flancs de cet autorail.

Un troisième exemple avec les essuie-glaces

Sur ce vieux modèle Wiking (dont la modification vous a été présentée ici), des essuie-glaces en découpe chimique ont été installés.

Sur ces modèles, les essuie-glaces sont moulés en surimpression. Le choix a été fait de les garder.

Et sur cet autorail, l’essuie-glace a aussi été changé par une pièce adaptée. Le modèle d’origine est notablement surdimensionnée et il était difficile de le conserver. Comme vous pouvez le constater, il n’y a pas de règles prédéfinies et ce qui est acceptable ou pas est décidé au cas par cas. En considérant aussi que les réalisations les plus fines seront placées de façon plus visible.

D'autres exemples divers et variés

Un peu de peinture vitrail pour simuler le verre, un peu de peinture claire pour suggérer les boutons et la scène devient de suite plus réaliste.

Divers articles sur les façades d’immeubles ici ou ici.

Les instruments à vent ont aussi été percés. Travail accessible (il faut juste bien centrer le foret) et qui change le réalisme de la scène. La réalisation de ce petit kiosque à musique vous a été présenté ici.

La façade de cet indémodable immeuble Jouef a été totalement transformée. Dans un premier temps, un travail important a été réalisé pour lui adjoindre des modénatures un peu plus luxueuses, ainsi qu’un balcon. Les volets d’origine ont été remplacés par des volets en découpe laser. De même pour les fenêtres. Des crémaillères ont été ajoutées. Une pièce en découpe chimique a été installée pour évoquer la ferronnerie du balcon. La devanture du magasin (il reste à installer une enseigne) ainsi que la porte ont été travaillés. Enfin, un travail de patine (appuyée pour cette façade) a été effectuée.

Les choix contestables ou quand l'on tente d'être plus royaliste que le roi !

Ici, un exemple de tentative moins réussie, sans être totalement inepte.

À la réalisation, plusieurs problèmes se sont posés : c’est très long à faire (mais après tout chacun est libre de son temps), un peu grossier et très difficile à peindre après collage. Peut-être eut-il mieux juste valu démonter les vitrages et souligner de noirs l’encadrement des fenêtres. Tout a été finalement enlevé !

Tentative de reproduction des joints noirs sur les fenêtres de cet autorail avec des profilés plastiques fins et souples.

Les choix esthétiques qui ne correspondent à rien !

On cherchera vainement des tranchées de ce type… Il s’agit d’un crime de lèse-majesté définitif puisque elles sont inventées ! Un mélange iconoclaste de briques et de pierres dorées patiemment pâtinées qui me voueront aux gémonies pour les tenants de la fidélité à tout prix…

Eléments de conclusion

La variété présentée montre qu’il n’y a pas de règles établies. Mais les choix s’exercent selon au moins les deux critères suivants :

  • Le premier consiste à n’envisager de modifier ou de compléter que les parties visibles. Certains modélistes ainsi s’attachent à faire des modèles exacts, y compris par exemple pour les dessous de caisses. C’est tout à fait estimable .
  • Le deuxième critère consiste à envisager une éventuelle modification en considérant une distance sociale raisonnable, c’est à dire quelques dizaines de centimètres au moins, comme si l’on regarde un réseau, et pas le nez collé au modèle. C’est un critère déterminant : les modélistes qui exposent leurs modèles dans des vitrines peuvent être beaucoup plus attentifs au réalisme des moindres détails. Et cette option est tout aussi estimable. D’aucuns considèrent qu’il ne s’agit pas du même modélisme, position avec laquelle nous ne sommes pas en accord : il y a une continuité sans rupture parmi toutes les formes du modélisme et nul modèle aussi détaillé soit-il est parfaitement exact ! Et une carrière remplie de modéliste consiste souvent à apporter régulièrement des améliorations à ses modèles, à progresser dans l’ajout de détails nouveaux. Enfin, nous pouvons nous accorder quelques choix iconoclastes tout personnels. Nous avons nombre de contraintes dans la vie réelle, alors parfois le modélisme permet-il de nous en échapper… Compteurs de rivets : priez pour nous !

Merci de votre lecture, laissez-nous un commentaire si le cœur vous en dit et à bientôt !

Cet article a 2 commentaires

  1. Guigui971

    Article très intéressant qui accessoirement démontre que le modélisme se pratique tout autant aux antipodes (en tous cas pour ce qui est des autorails)

    1. Rédacteur du Blog

      Bonjour Guillaume,
      Je vous remercie pour cet aimable commentaire. Je ne comprends pas bien en revanche l’allusion aux antipodes…
      Au plaisir de vous lire
      Salutations cordiales

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